Nos projets 2012-2014

 

L’ASSOCIATION MIR SADA… une histoire de liens

 

Depuis les guerres des années 1992-1995 la Bosnie Herzégovine n’a plus grand intérêt pour les citoyens européens que nous sommes. Cette petite république, objet de rivalités qui ont divisé son territoire, sa population, et ruiné son économie, est au banc des laissés pour compte.

Pour les fondateurs de l’Association MIR SADA, simples citoyens d’Europe, français empreints d’une culture démocratique dont on ne mesure pas toujours combien elle imprègne notre vie, il n’a pas été possible de rester inactif devant ce drame, et de déléguer aux « humanitaires » et aux « politiques » notre travail de citoyens.

 

C’est ainsi que dès 1993, répondant à l’invitation de quelques femmes bosniaques réfugiées à ZAGREB quelques uns d’entre nous ont décidé de se rendre « là-bas », à la rencontre de visages et de récits que nous n’oublierons jamais tant ils nous rappelaient ceux des « camps » que l’on croyait révolus.  Ces témoins des premières heures nous ont ouverts à la connaissance de leur drame, mais ils ont su aussi, nous révéler la chaleur et la richesse de leur culture, fabriquant ainsi entre eux et nous des liens authentiques et durables.

 

Les « témoins » que nous avions rencontrés à ZAGREB en 1994 sont rentrés en BOSNIE après la guerre. Nous les avons suivis dans leurs lieux d’implantation et nous avons tenté de les soutenir dans leur combat pour la justice. Certains de ces témoins ont été cités à LA  HAYE contre Slobodan MILOSEVIC. Plusieurs associations bosniennes que nous soutenons financièrement, continuent à se battre pour la justice, indispensable à la paix et à la réconciliation. Chaque année plusieurs d’entre nous se rendent à la Commémoration du 11 juillet 1995 à Srebrenica.

 

Depuis 18 ans, notre association, qui comprend aujourd’hui environ 300 « bienfaiteurs » a multiplié les liens entre familles, institutions, associations. Dès 1996, l’éducation a été notre priorité, plusieurs écoles de la région lyonnaise ont entretenu des liens avec des écoles en Bosnie. Des groupes d’enfants se sont rendus visite. En 2004 un groupe de jeunes bosniens est venu à Lyon pour participer avec des habitants d’Irigny à la biennale de la danse. Chaque année les membres de l’association se rendent en Bosnie pour porter à leurs destinataires les dons reçus  et poursuivre les liens… Une salle de sports a été financée à Mihatovici, elle sert aujourd’hui aux enfants de l’école et pour des activités extra scolaires sportives, culturelles ou familiales.

Depuis 7 ans, Mir Sada assure le parrainage d’une centaine de jeunes de Mihatovici, Jezevac, Sanski Most et Srebrenica pour leur permettre de poursuivre leurs études au Lycée, en école professionnelle ou en faculté.

Depuis 2007 l’association soutient des jeunes bosniens qui n’ont pas obtenu l’asile politique en France et qui sont rentrés « volontairement » en Bosnie, pour la réalisation d’un micro-projet économique : à ce jour plus d’une centaine de micro projets ont été réalisés.

 

En 2009, notre association, en relation avec Solidarité-Bosnie de Genève a organisé à Lyon un colloque sur le thème de la construction d’une citoyenneté locale et européenne. Cet évènement a rassemblé 130 personnes et a relancé la mobilisation des associations françaises. Nous participons régulièrement à des actions citoyennes avec le réseau des associations françaises qui travaillent dans les Balkans.

 

Qui sont ces jeunes bosniens 
avec lesquels nous travaillons à la création de micro projets ?

 

L’équipe de  MIR SADA en  Bosnie Herzégovine a rencontré plus de  200 personnes et familles lors de leur retour de France, depuis avril 2007.

Au final nous avons accompagné  plus de 100 projets qui se sont effectivement réalisés.

La majeur partie des « retournants » concernés sont des bosniaques originaires de la région est de la Bosnie Herzegovine (Tuzla, Zvornik, Jivinice, Kalesija, Bratunac….)

15 % d’entre eux sont de la région nord (Prijedor )

Quelques uns sont installés dans la région de Sarajevo (Iljas notamment)

Quelques uns (20%) environ, sont revenus dans leur village d’origine situé aujourd’hui en Republika Srbska. (RS)

Deux porteurs de projet sont d’origine serbe.

Il s’agit,  de personnes déplacées lors de la guerre, (épuration ethnique) qui ont souvent séjourné avec leur famille dans des « centres collectifs » construits » en Fédération, avant de tenter une émigration vers la France.

Tous ont connu la guerre et ses atrocités.

Pour la plupart, ils n’ont pas pu suivre une scolarité normale (enfants ou adolescents pendant la guerre) et ne disposent pas d’une véritable formation professionnelle.

Beaucoup sont revenus vivre auprès de leur famille (mère, parfois père, ou grand parents) bénéficiant ainsi d’un logement et le cas échéant, d’un peu de terre leur permettant d’envisager un projet agricole.

 

Synthèse de nos observations 
après quatre années d’action en Bosnie-Herzégovine >
pour le développement de « micro projets » économiques 

1/ Une déstructuration du lien social

 

L’histoire récente et le contexte socio économique et politique actuel ne favorisent probablement pas la sérénité des habitants de la région et encore moins la confiance qu’ils peuvent s’accorder les uns aux autres… Peut être des éléments de culture peuvent ils aussi expliquer cet état de fait,  mais force est de constater que les projets ne peuvent s’envisager en association avec un autre partenaire… la solidarité s’exerce quasi exclusivement au sein de la communauté familiale restreinte.

Evidemment ces comportements ne facilitent pas l’émergence de projets solidaires, et donc de  vraies capacités de développement  des  micro - entreprises que Mir Sada soutient à présent depuis plus de 4 années….

2/ Une déstructuration institutionnelle

 

Il s’agit de confirmer ici la déstructuration de l’appareil institutionnel et politique de la Bosnie Herzégovine avec un système constitutionnel issu des accords de Dayton.

Ce système paralysant ne favorise ni la résolution des conséquences de la guerre, ni l’efficacité qui serait nécessaire pour transformer une société à présent figée et sans perspectives concrètes…

 

                     3/ La déstructuration  de l’appareil économique

 Les déplacements massifs de la population consécutifs au conflit, (92-95) ont  considérablement modifié la structure démographique de ces régions. De plus la remise en route de l’outil industriel, en très grande partie détruit pendant la guerre, n’a créé que peu d’emplois. La  paupérisation des populations locales ajoutée à la disparition des filières de commercialisation et de distribution, fait aujourd’hui obstacle au développement des micro-initiatives économiques.  Il faut en outre souligner les difficultés persistantes  de relations entre communautés serbes et bosniaques (dans la région est de la BiH) qui compliquent les conditions locales du développement économique et social.

4/ Insuffisance de compétences professionnelles

 

La classe   active  des 25-35 ans a été perturbée dans sa formation par les années de guerre. Ainsi, la majorité des personnes ayant eu accès à un projet de réinsertion économique n’a-t-elle pas bénéficié d’une véritable formation professionnelle. Dans de nombreux cas, l’absence du père n’a pas non plus permis la transmission des savoirs faire.

En outre, quand bien même certains disposent d’une qualification professionnelle, l’absence locale d’emplois salariés et l’insuffisance de formations « pratiques » en cours de scolarité, ne leur permettent  pas d’exercer leur « métier » d’origine…

Enfin, devenant souvent agriculteurs « par défaut » de nombreux porteurs de projets se lancent dans une activité qu’ils ne maîtrisent pas toujours suffisamment…

 

       Nos projets 2012-2014 en Bosnie Herzégovine

 

 Compte tenu de nos analyses et observations et convaincus de la nécessité  de poursuivre nos actions en Bosnie Herzégovine  nous avons retenu les 3 axes suivants :

1/ Réinventer le « faire ensemble » (projets de coopération et de mutualisation)

 

Il s’agit ici de contribuer concrètement à la reconstitution et au renforcement des liens sociaux,  seuls susceptibles de soutenir efficacement les initiatives (même modestes) de développement économique et social.

Dans cette perspectives, et en travaillant à partir du réseau d’une centaine de micro projets initiés ces dernières années nous envisageons de promouvoir et accompagner des projets d’association entre petits exploitants agricoles, pour favoriser avec eux le développement de leurs capacités de production et  recréer des filières de distribution et de commercialisation.

2/ Acquérir de « vrais savoir faire » ( actions  de conseil et formation continue)

 

L’accompagnement de ces projets coopératifs et mutualistes doit inclure des démarches de formation permanente (déjà initiées ces dernières années par Mir Sada)

Nous envisageons donc la création d’un dispositif permanent de formation professionnelle en milieu agricole « sur le terrain » .

3/ Partager les initiatives et expériences (création d’un réseau sur le net)

 

Il faut faire connaître les initiatives des uns et des autres qui concourent au micro développement local, il faut que les acteurs de ces changements partagent leurs expériences.
Nous comptons créer un site en réseau qui permette ce type d’échanges et qui peuvent favoriser, au-delà de la simple information, de vrais partages d’expériences et de fructueuses rencontres.